des ronds bleus pour les garçons, des ronds roses pour les filles (Vive les stéréotypes, 15)

Petite section de maternelle, on nous fait remarquer que la classe comporte 13 filles et 14 garçons. Ô oui, hâtons-nous de les faire rentrer dans les cases de genre…

Fille d'album

après la récré

Dans Après la récré de Christophe Loupy (Milan, 2015), l’auteur a décidé de représenter les personnages par des ronds. Et devinez quelles couleurs il a choisi ?

Bleu pour les garçons et rose pour les filles, bien sûr !

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Précisons que ce choix de différencier uniquement les garçons et les filles n’a pas d’intérêt dans le livre au niveau narratif. Le choix graphique aurait par exemple pu être une occasion d’insister sur la variété des enfants en proposant des couleurs différentes. Après tout, on sait depuis Petit bleu et petit jaune de Léo Lionni que les enfants peuvent être des ronds de toutes les couleurs.

Mais malheureusement c’est souvent plus confortable de reproduire les stéréotypes…

Cet auteur avait déjà publié Dans la cour de l’école sur le même principe.

dans la cour de l'école loupy Visiblement cet album est souvent exploité en maternelle. Et je comprends parfaitement l’intérêt au niveau des capacités d’abstraction, de représentation dans l’espace, etc. Mais dans…

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2 réflexions sur “des ronds bleus pour les garçons, des ronds roses pour les filles (Vive les stéréotypes, 15)

  1. Je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis. Oui les couleurs bleus et roses sont choisies, d’autres couleurs auraient pu être prises, c’est pas si gênant. Mais bon faut bien râler…
    Oui on fait la distinction fille et garçon, je suis étonnée que ça te choque. Cet après midi j’ai donné qqch aux filles et autre chose aux garçons, l’un d’eux a réagi « ah mais A. est une fille ?? » Il est en cm1…… eh oui faut dire que cette fille fait du foot et traîne avec les garçons, mais de là à la considérer comme tel, j’étais abasourdie !
    Pour passer moi même du temps dans la cour de l’école en maternelle : la plupart du temps les filles jouent avec les filles et les garçons jouent avec les garçons. Si dans le livre il y a « oh un garçon s’est trompé », ce n’est pas pour dire bouh un garçon joue avec les filles et entretenir les stéréotypes, mais plutôt pour que les enfants comprennent à ce moment là que les filles sont représentées par les ronds roses et les garçons par les bleus (oui, je sais, tu trouves déjà ça mal…), tout comme dans ce livre il est dit « les grands d’un côté, les petits de l’autre » (ça tu n’en parles pas, c’est aussi un stéréotype ?), juste pour faire travailler la notion de petit et de grand qui fait partie des apprentissages en maternelle… Cet album est GENIAL, sauf pour les couleurs si vrailent c’est choquant, mais le reste… il permet de faire tellement de choses…
    Merci en tout de m’apprendre qu’une suite est parue, je ne le savais pas ! 😉

    • L’auteure de l’article précise bien que l’album a aussi des qualités 😉
      Mais oui vraiment, je trouve dommage de représenter les filles en rose et les garçons en bleu, comme si « les filles » étaient un ensemble homogène », « les garçons » un autre… c’est avec ce genre de choses qu’on en arrive à ce qu’un gamin de CM1 croie qu’un enfant qui joue au foot est forcément un garçon. L’article de Jaddo http://www.jaddo.fr/2015/03/28/la-faute-a-eve/ est sûrement le meilleur texte que j’aie lu sur l’importance de ces choses en apparence anodine.
      On donne à l’information « c’est un garçon / une fille » trop d’importance : en maternelle, les enfants ne sont pas censés jouer avec les organes génitaux de leur camarade n’est-ce pas, alors qu’est-ce que ça peut bien f**tre ? Les différents enfants auraient pu être représentés par des points de couleurs allant du beige au noir en passant par toutes les bruns possibles, pour illustrer la diversité de la couleur de peau chez les humains (et au passage soulever l’idée qu’à part la couleur, on est tous pareils)… mais non on réduit cette diversité à deux cases.
      Faire faire une activité aux garçons et une autre aux filles… ça ne me choque pas tellement si ensuite on inverse les groupes, et que tout le monde profite au final des deux activités. Ou si on fait faire une activité pour les bruns, une pour les blonds, une pour les enfants aux cheveux noirs. Dans ce cas OK, l’importance du sexe est ramenée au même niveau que la couleur des cheveux.
      Le problème n’est pas de distinguer garçons et filles dans UN livre, mais que ce critère revienne régulièrement comme outil de séparation d’un groupe en deux, dès le plus jeune âge, ce qui imprime dans les mentalités que les filles sont toutes plus ou moins pareilles entre elles mais sont différentes des garçons, qui eux-mêmes se ressemblent tous plus ou moins entre eux…
      Le « oh il s’est trompé » me choque énormément (après, je n’ai que l’article initial pour me faire une idée, je n’ai pas le livre entre les mains) : cela implique que ce garçon n’a pas sa place parmi les filles. Alors qu’on aurait pu dire « mais il y a un garçon qui préfère jouer avec les filles ». En quoi est-ce qu’il « se trompe » s’il veut faire de la corde à sauter et pas du foot ? Je trouve ça carrément violent en fait.

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